Quelle est la journée type en expédition ?

Que mange-t-on (à quelle fréquence, NDLR?) Comment dort-on (quand?, NDLR) Et surtout : que fait-on là bas ? Le point sur nos belles (et rudes) journées dans un des coins les plus reculés du monde.

QUE FAIT-ON LA BAS ?
Oui, que fait-on là bas ? Evrard Wendenbaum, et l’équipe de Naturevolution qu’il dirige, mène des scientifiques à l’autre bout de la planète, à l’est du Groenland, pour étudier cette zone quasi-inexplorée de l’île : le Scoresby Sund, le plus grand système de fjords au monde. Rien que ça. Cette nouvelle mission entre dans le cadre de son projet Lost Worlds. Il réalise un film qui racontera très bientôt cette incroyable aventure. Si vous avez raté le coche, vous pouvez toujours (re)lire le programme en cliquant ici et ici.

OU DORT-ON ?
Après plusieurs heures de marche (le portage et ses délices, on y vient), on choisit un « spot » idéal pour notre campement que l’on installe avec beaucoup d’enthousiasme.

Les mines fatiguées de Ludovic et Raphaël dans la péninsule du Renland.

Notre matériel est (presque) le même qu’au camping (sac de couchage, matelas isolant, etc) sauf… qu’il n’y a pas de toilettes publiques et que le sol est glacé.

Sans doute un des camps les plus confortables : sous nos matelas, de la mousse !

L’HEURE DU REVEIL ?
Il faut voir le bon côté des choses : les jours off, la nuit peut se prolonger jusqu’à midi. Sinon, c’est 8 heures pour tout le monde. Un réveil pas très matinal certes, mais la nuit est à intermittence, vous allez comprendre. Et de toute manière : il ne fait jamais nuit l’été au Groenland.

Des bols et des thermos trainent un peu partout. Mais les désordonnés sont vite rappelés à l’ordre.

LE PETIT DEJEUNER
Et le déjeuner, et le dîner… La nourriture. Un des sujets les plus en vogues (sic!) au cours d’une expédition. Côté fourneaux, c’est d’abord la clé du succès. Il ne faut pas hésiter à prendre la casserole et vos camarades seront par la suite promptes à vous rendre des services. Mais comptez trois heures minimum en « cuisine » pour préparer le dîner (du riz) à plus de dix personnes. Car il faut aller chercher de l’eau froide au ruisseau (froid), allumer les réchauds, et faire la cuisine … sans cuisine.

Olivier verse de l’eau dans les lyophilisés chauffée au jetboil. Moment d’une extrême délicatesse.

Du trafic de lyophilisés a toutefois été constaté à l’heure du dîner. Des échanges en sous-main s’opèrent entre les amateurs de « crumble aux pommes » et « mousse au chocolat », le « semoule chocolat » semant toutefois la confusion.

Agnès compte le nombre de lyophilisés qu’il reste. Moment, encore une fois, très délicat.

Quelques règles : les jours sans dessert et sans rab contrarient clairement les membres de l’expédition, qui n’ont pas le choix alors de se tourner vers les maigres ressources du Scoresby : les champignons et les myrtilles !

LA TOILETTE
Sujet suivant.

LES BOBOS
Phénomène étrange : au Groenland, les bobos ne guérissent jamais. Coupures, éraflures et écorchures peuvent rapidement s’infecter ou peinent à cicatriser. Certaines mains ressemblent alors étrangement aux crevasses des glaciers…. Il y a aussi les moustiques dans le Jameson Land et autant vous dire : les répulsifs anti-moustiques ne sont pas suffisants.

Matthieu contre-attaque avec sa moustiquaire intégrale, dans le Jameson Land.

Quant aux bobos liés à l’hygiène (mycoses, etc), se référer plus haut.

LA JOURNEE
Portage, youpi ! Sur les glaciers du Renland, c’est une des « activités » qui a occupé la majeure partie de notre temps. Comprenez : une dizaine d’heures de marche avec des sacs chargés notamment de matériel scientifique et pesant de 20 à plus de 40 kilos, à travers les rivières glacées, les moraines, etc. Le pied.

Olivier épuisé après avoir porter usqu'à plus de 40 kilos. Olivier épuisé après avoir porté jusqu’à plus de 40 kilos.

Toutefois et soyons juste avec Evrard qui défend sa vision du portage, une fois arrivés sur les lieux, tout le monde s’accorde : ça valait le coup. Les portages sont alternés avec des jours de repos et des jours d’activités autrement plus ludiques : descente dans un moulin, dans une grotte glaciaire, etc. Alors, bon. Ok pour le portage. Et puis c’est bon pour le souffle et l’esprit.

Raphaël se glisse dans une des deux grottes glaciaires. Une récompense après de longues journées de portage. Raphaël se glisse dans une des deux grottes glaciaires. Une récompense après de longues journées de portage.

L’ENERGIE : MAIS COMMENT ON FAIT ?
C’est, avec la nourriture, un des deux sujets les plus « commentés » (sic !). Il y a deux moyens de produire de l’électricité dans cette expédition : via les panneaux solaires ou le groupe électrogène (parlez-en à Olivier). Or, les besoins, importants, ont été sous-estimés : batteries d’appareils photos et de caméras, ordinateurs, téléphones portables, des piles, des piles, des piles… D’âpres négociations sont engagées pour recharger sa batterie(le lyophilisé mousse au chocolat peut alors s’avérer utile, NDLR).
Pour communiquer avec l’extérieur (mail, SMS, papiers pour le site), il y a les téléphones satellites. Pour envoyer des photos, mieux vaut être (très) patient.

LES DEPLACEMENTS
Il n’y pas que les portages dans la vie. Il y les navettes aussi. Un grand merci donc à Ingkasi, chasseur inuit originaire d’Ittoqqortoormiit, qui nous a transportés d’un lieu à un autre. Imaginez : le Scoresby Sund s’enfonce sur plus de 400 kilomètres. Pour se rendre du camp du Jameson Land à celui du Renland, c’est 45 minutes minimum de navigation. A éviter absolument : oublier ses affaires.

Ingkasi met entre parenthèse son métier de chasseur pour celui de "guide". Ingkasi met entre parenthèse son métier de chasseur pour celui de « guide ».

Les navigations réveillent des sentiments contradictoires, entre fascination pour la beauté du décor (icebergs, glaciers) et profond agacement, causé par des températures glaciales.

C'est chaudement équipés que l'équipe monte à bord de la navette, qui slalome entre les icebergs. C’est chaudement équipés que l’équipe monte à bord de la navette, qui slalome entre les icebergs.

LE DINER
On passe sur les déjeuner, « light ». Pour les dîners, ils pris sont dans une tente commune, (souvent) préparés avec amour, (toujours) très attendus et ont (parfois) réservé quelques surprises (pain, tartes aux myrtilles, omble arctique).

C'est l'une des agréables surprises culinaires de cette expédition. C’est l’une des agréables surprises culinaires de cette expédition.

C’est le moment idéal pour faire le point sur la journée à venir

Evrard et Raphaël font le point sur le trajet qui mènera l'équipe à la diffluence. Evrard et Raphaël font le point sur le trajet qui mènera l’équipe à la diffluence.

… Et poser trois questions essentielles : qui fait la vaisselle ? Qui prend le tour de garde ? Qui n’a pas rangé sa tasse ?

LES TOURS DE GARDE, C’EST QUOI ?
C’est un moment qu’adoooorent les contemplatifs. Beaucoup moins les autres. La ronde. Le « guetteur » prend son quart (toutes les heures et demi) et veille, fusil à l’épaule (quand même), à ce qu’aucun « incident » ne survienne dans la nuit. Pour résumer : il doit éviter que les ours polaires ne viennent le dévorer lui et ses petits copains.

Aurélie, lors d'une séance de tirs dans le Jameson Land. Aurélie, lors d’une séance de tirs dans le Jameson Land.

Des initiations au tir, plus ou moins réussies, ont été proposées. Mais il impératif de comprendre que rien ne sert de courir… il faut viser juste.

ON VOUS A PAS DIT ?
Le Scoresby Sund, c’est beau, très beau. Au-delà de ce qu’on peut imaginer. Dans la péninsule du Jameson Land et dans la baie d’Harefjord, c’est un décor de toundra qui s’offre à nous : un tapis de végétation (mousses, lichens, bouleaux nains), entrecoupée de lacs. La faune qui habite ce paysage automnal est composée d’oies, boeufs musqués, renards arctiques…

Paysages inspirants pour la dessinatrice Aurélie dans le camp de baie d'Harefjord. Paysages inspirants pour la dessinatrice Aurélie.

Côté péninsule du Renland, c’est une toute autre ambiance : d’immenses glaciers et de gigantesques falaises nous encerclent. Peu de faune, quelques lagopèdes et un lièvre arctique sur notre route. Inoubliable.

Vue sur la bédière qui traverse le gigantesque glacier Edward Bailey. Vue sur la bédière qui traverse le gigantesque glacier Edward Bailey.

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